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L'amiante n'est pas que dans nos murs

A l’heure où le PRDA (Plan Recherche et Développement Amiante) lance une commission d’évaluation technique sur des matériels et produits limitant les risques sur des bâtiments amiantés, il est bon de se pencher également sur un immense chantier de désamiantage : l’amiante dans les revêtements et enrobés. Certes le désamiantage des constructions antérieures à 1997 est déjà un vaste chantier qui va encore nous préoccuper pendant des années, mais un autre, moins visible est celui du désamiantage des routes (autoroutes, nationales, départementales, communales et vicinales), des pistes et aires d’aéroports, des rues, trottoirs, parkings et ronds-points de nos villes et villages.

 

La situation amiante dans le bâtiment, mais pas seulement

150 000 tonnes d’amiante ont été employées chaque année en France avant son interdiction ce qui représente un héritage de 4 à 6 millions de mètres-carrés floqués et 500 000 m² calorifugés selon le rapport au Sénat « Le drame de l’amiante en France : comprendre, mieux réparer, en tirer des leçons pour l’avenir » qui reprenait une étude menée conjointement par SGTE, Spie-Batignolles, Lafarge, la société INERTAM et la SOCOTEC tentant de recenser au plus juste la surface de construction amiantée au sein des bâtiments résidentiels et tertiaires en France.

Si en 1997 l’emploi d’amiante a enfin été interdit dans la construction, son commerce (extraction, transformation, fabrication…) est resté autorisé jusqu’en 2005.

De 1997 à 2005, les entreprises qui vivaient du commerce des 150 000 tonnes annuelles d’amiante ont bien dû trouver un autre débouché ; et plutôt que mettre la clef sous la porte, l’amiante interdite dans le bâtiment a été écoulée dans les bitumes.

Diluée dans des kilomètres d’enrobés et revêtements des routes, chaussées, pistes , parkings et trottoirs, la concentration en fibres d’amiante y est plus réduite que dans le bâtiment 1 % environ dans les enrobés contre 15 % dans la construction, mais la superficie de voies amiantées représente une importante quantité d’amiante avec qui il faut vivre, ou pas…

 

                Comment est traité le risque amiante de nos routes ‘

Depuis 2013, soit 8 ans après l’interdiction totale de l’amiante, une obligation de diagnostic amiante est en place. A l’image du diagnostic amiante obligatoire du bâtiment, avant toute intervention de voirie il est indispensable de consulter la cartographie des zones susceptibles de contenir de l’amiante et de faire effectuer des analyses obligatoires en cas de suspicion de présence d’amiante dans les enrobés routiers.

 

A contrario de la construction, il ne suffit pas de savoir quel enrobé a été posé à quelle époque pour savoir s’il peut contenir de l’amiante puisqu’on apprend que la plupart des revêtements sont présumés en contenir soit depuis leur origine, soit par le recyclage d’enrobés amiantés dilués dans nos enrobés récents. Quand on n’a pas envie de se débarrasser d’un risque, on le dilue, en espérant qu’il finisse par disparaître…

 

A savoir : On estime que nos routes contiennent environ 10 % d’enrobés déjà recyclés. Ces enrobés recyclés sont susceptibles de contenir une certaine proportion d’amiante qui se dilue à force de recyclage mais propage ou crée ce risque amiante sur des chaussées jusque là épargnées ; ainsi, nul n’est à l’abri. Source info.expoprotection.com

 

                La route, un risque ça va, trois risques attention les dégâts

On dit que ce n’est pas la route qui tue, mais la conduite, l’alcool, la vitesse, etc. C’est d’ailleurs un de ces slogans d’une campagne de sécurité routière qui est repris ici. Mais l’amiante dans nos routes n’est pas censée n’empoisonner que le sol. Si la protection des travailleurs de voirie se rapproche de celle des opérateurs en désamiantage , rien n’est prévu ou envisagé pour la protection des populations riveraines des voies amiantées notamment lors de la pose des revêtements et du coulage des enrobés. Or, non seulement le risque amiante existe notamment lors des manipulations d’enrobés mais s’y ajoute également celui des HAP (Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques). Ces hydrocarbures qui sentent si fort le goudron sont potentiellement cancérogènes.

 

L’argent plus que la santé ‘

Quelques lobbies des opérateurs ou constructeurs de routes, rues, trottoirs, etc, mais aussi quelques maires semblent craindre que la protection des travailleurs et des riverains lors des chantiers de voirie ne fassent grimper le coût des travaux. C’est d’ailleurs la raison d’une question au Sénat qu’il est intéressant de consulter afin de voir dans quel état d’esprit s’opposent protecteurs de la santé (des travailleurs et riverains) et gestionnaires d’ouvrages routiers.

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Specialiste du diagnostic immobilier et du marché de l'immobilier
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