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Révélée en mars 2005, la présence d’amiante dans certains locaux techniques de la Tour Montparnasse continue à alimenter les débats, malgré les importants travaux de désamiantage en cours. Une question est sur toutes les lèvres : jusqu’à quand cette situation durera-t-elle ‘
Un feuilleton qui dure
Pendant longtemps considéré comme l’immeuble le plus élevé de Paris – depuis 1973 jusqu’à l’inauguration de la tour First en 2011 —, la Tour Montparnasse est un sujet de conversation récurrent dans les médias et au sein du monde politique depuis 2005. Cet intérêt n’est en aucun cas lié à la magnifique vue sur Paris depuis le sommet de ce gratte-ciel de 210 mètres. La structure attire l’attention de par la présence d’émanations d’amiante, un isolant hautement cancérigène, dans les locaux de l’immeuble. À l’annonce de cette découverte, les 300 copropriétaires du gratte-ciel — parmi lesquels figurent la MGEN, Axa et Covea – se sont vus contraints par les organismes de sûreté et les institutions publiques d’engager des procédures concrètes de désamiantage des compartiments concernés. Ce vaste chantier a débuté en 2006 et a déjà coûté près de 250 millions d’euros.
Un désamiantage singulier… et contesté
Les travaux de suppression d’amiante dans la tour Montparnasse ont connu quelques interruptions, de quelques semaines à quelques mois, entre 2006 et 2012. Contrairement à la procédure classique adoptée sur d’autres constructions – on pense notamment au campus de Jussieu —, le syndic de la tour Montparnasse n’a pas procédé à une évacuation totale de l’immeuble pour la réalisation du désamiantage. Les travaux ont été réalisés étage par étage, seuls les locaux concernés par les opérations de nettoyage étant évacués. Si cette décision a été bien perçue par certains, argumentant l’importance de cet immeuble dans la vie économique du quartier Necker, d’autres n’ont pas manqué de la critiquer.
Certains politiciens et analystes avancent même que les chantiers de désamiantage expliquent en partie les dépassements d’empoussièrement à l’amiante constatés à plusieurs reprises entre 2009 et 2013. Cet argument ne convainc fait pas non plus l’unanimité. Lors de son audition devant les juges chargés d’identifier les responsabilités dans le scandale de l’amiante de la tour Montparnasse, Emeline Briantais, inspectrice du travail en charge du dossier, affirmait que certaines pollutions excessives à l’amiante entre 2009 et 2013 ont été observées dans des compartiments déjà désamiantés et éloignés des autres plateaux en cours de nettoiement. Cette observation est pourtant contredite par un cadre même d’Icade, le syndic en charge de la gestion de la tour.
Le paradoxe de la tour Montparnasse
Devant la complexité de l’affaire, l’enquête menée par les deux juges spécialisés dans les affaires de santé publique tarde à conclure. Dans un communiqué publié en juillet, les magistrats en charge du dossier avouaient même ne pas connaître, pour l’instant, l’origine exacte de l’amiante relevée dans les locaux techniques de la tour, avant, pendant et après les chantiers de désamiantage. Cette confusion générale affecte logiquement la vie des sociétés et entreprises installées dans l’immeuble. Ce dernier se vide peu à peu de ses locataires, à l’image d’Amundi, de la CNP Assurances, de l’Apec et du Conseil régional d’ÃŽle-de-France, qui ont d’ores et déjà quitté les lieux. La tour aurait déjà perdu 450 de ses 5 000 occupants en moins de deux ans, une situation paradoxale sachant que le niveau d’empoussièrement dans les plateaux diminue progressivement.
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